Les Rencontres d’Arles dédiées à la photographie ont mis la clé sous la porte, et on a tout loisir pour découvrir deux peintres arlésiens, provençaux, témoins de la Révolution française, et leurs œuvres au musée Réattu.
Antoine Raspal, “peintre des Arlésiennes”, monte à Paris en 1762 pour étudier à l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Une de ses “académies” d’homme y remporte même un prix. Mais il y perfectionne surtout sa technique des portraits avant de retourner à Arles où il reçoit des commandes d’institutions religieuses ou consulaires et de la bonne société. Ses portraits assurent sa notoriété alors et aujourd’hui. Portraits de bourgeois, portraits de famille, portraits d’Arlésiennes en costume. Dans ces derniers, ce sont moins les visages que la richesse et la chatoyance des tissus, la transparence des soies et des dentelles, le rendu précis des broderies qui retiennent l’attention. Ne pas manquer son œuvre la plus emblématique, L’atelier de couture, c. 1780, petite huile sur bois fort détaillée, qui rend hommage au travail manuel des femmes d’Arles ou, plus inédit, Le Christ en Croix, véritable trompe l’œil, imitant les crucifixions d’ivoire du 18e siècle.
Jacques Réattu, neveu de Raspal par sa mère est l’autre peintre à découvrir au musée Réattu.
Ces deux peintres académiques et néo-classiques nous rappellent que nos musées de province recèlent les œuvres d’artistes locaux qui peuvent se révéler peintres et dessinateurs talentueux. Une visite au musée Réattu s’impose pour apprécier leur maîtrise du crayon, du pinceau et de la couleur.
Elisabeth Hopkins
– Catalogue : “Antoine Raspal, Pinxit” 206 pages, nombreuses illustrations, édité par la Maison Fragonard