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Auguste Perret. Huit chefs d’œuvre d’architectures en béton

Premier architecte à saisir l’intérêt constructif et économique du béton armé au début des années 1900, Auguste Perret (1874-1954) est surtout connu du grand public pour sa reconstruction du centre-ville du Havre, ravagé par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. L’inscription de ce site sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, en 2005, a contribué à sortir l’ensemble de son œuvre de l’oubli.
Soixante ans après la mort du génial charpentier en béton, une grande exposition revient sur la vie de ce théoricien d’une architecture robuste, sans ornement, laissant le béton apparent, assez proche du brutalisme de Le Corbusier qui fut son élève, mais qui très vite se confronta au maître et prit ses distances.

Fils d’un tailleur de pierre communard, Auguste Perret se forme à l’école des Beaux arts où il se passionne pour Viollet-le-Duc, avant de créer une agence d’architecture et une entreprise de bâtiment avec ses frères, Gustave et Claude. En 2003, il concrétise son idéal d’un classicisme moderne avec l’immeuble d’habitation du 25 bis rue Franklin, le premier réalisé avec du béton constituant l’armature entière et apparente d’un édifice. En 1913, il conçoit sur le même principe le théâtre des Champs Élysées, revoyant entièrement les plans établis par Roger Bouvard et Henri Van de Velde. Perret fait appel à ses amis, le sculpteur Antoine Bourdelle pour la réalisation de frises et de fresques et le peintre Maurice Denis pour les décors de la grande coupole. Tous deux collaborent également à la décoration de l’église Notre Dame du Raincy (1922-1923), cette « Sainte-Chapelle du béton armé », élancée, élégante et ajourée telle une dentelle, édifiée à la mémoire des morts de la Première Guerre mondiale. Parmi ses autres réalisations phares, Auguste Perret construit la salle Cortot (1928), le Mobilier national (1934-1936) et le Palais d’Iéna qui s’inscrit dans la mouvance de l’exposition de 1937. Musée des Travaux Publics devenu siège du Conseil Économique Social et Environnemental, ce triangle isocèle dont le sommet est une rotonde et la base un arc de cercle est construit avec des bétons de porphyre vert et de marbre rose. Il synthétise tout le talent de Perret à jouer avec les colonnades et les pavés de verre qui seront une autre de ses signatures. Après la place de la gare à Amiens dont il conçoit le projet en 1942, le plan du Havre va représenter pour l’architecte un enjeu considérable. « Ce que je veux, déclare Auguste Perret en 1945, c’est faire quelque chose de neuf et durable ». L’Hôtel de Ville et l’église Saint Joseph du Havre seront ses deux ultimes chefs d’œuvre.

Présentée dans la salle hypostyle du Palais d’Iéna (l’un des huit chefs d’œuvre reconnus de Perret), l’exposition conçue par Joseph Abram et mise en scène par l’agence d’architecture OMA AMO sous la direction de Rem Koolhaas, commissaire artistique, est constituée d’une centaine de dessins d’architecture (issus du Fonds Perret conservé à l’Institut Français d’Architecture), de maquettes, lettres, livres, revues, photographies, objets et quelques meubles qui témoignent de son goût pour le travail des ébénistes du XVIIIe siècle et les belles matières, acajou, thuya, galuchat…Loin du béton brut.

Catherine Rigollet

Visuel : Auguste Perret, 1925. © CNAM/SIAF/CAPA, Archives d’architecture du XXe siècle / Auguste Perret / UFSE/SAIF.
Visuel de l’exposition in situ. © OMA, all rights reserved

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Infos pratiques

Auguste Perret. Huit chefs d’œuvre d’architectures en béton !/ ?
Du 27 novembre 2013 au 19 février 2014
Palais d’Iéna
9, place d’Iéna – 75016 Paris
Tous les jours, 11h-18h
Fermetures exceptionnelles les 14 décembre, 25 décembre et 1er janvier
Entrée gratuite
www.expositionperret.fr