Bertille Bak raconte dans ses courts métrages des histoires de communautés, ethnies et autres tribus, avec empathie, humour (parfois grinçant) et poésie. Depuis 2007, cette jeune artiste née à Arras en 1983, étudiante de Christian Boltanski aux Beaux-Arts, s’est intéressée notamment aux habitants insoumis d’une cité minière du Nord-Pas de Calais, à ceux du quartier de Din Daeng à Bangkok. Elle présente au Palais de Tokyo ses deux derniers projets. Ô quatrième porte sur le questionnement existentiel de religieuses de la congrégation des Filles de la Charité, institution qui invite les plus âgées à déménager dans les étages supérieurs lorsque leur état de santé se dégrade...Transports à dos d’hommes suit un groupe de tsiganes en instance d’expulsion. Pour ce film, Bertille Bak a déplié sa petite caravane durant plusieurs mois à côté de familles à Ivry-sur-Seine afin de narrer au plus près les stratégies de dissimulation du campement. Teintée de fiction (les transports urbains deviennent des ennemis braquant des projecteurs sur les caravanes dissimulées sous les bâches de camouflage de guerre peintes par les enfants), la trame de cette narration filmique se nourrit de la réalité des vies, des rituels, des révoltes. La musique occupe une place prépondérante dans ce projet. Bertille Bak n’a pas hésité à arpenter les lignes de métro de Paris, Londres, Berlin, Rome et Madrid pour enregistrer les ambiances sonores et sonder les lignes les plus favorables aux musiciens tsiganes. Elle a transposé les résultats sous forme de cinq plans de métro fonctionnant comme des plans indicateurs lumineux d’itinéraire. Son art de l’engagement s’exprime aussi avec des sculptures mécanisées, des objets bricolés, des dessins.
Catherine Rigollet
Visuel page expo : Bertille Bak, Ô Quatrième, 2012. Monte personnes. © Bertille Bak. Photo © Aurélien Mole.
Visuel vignette : Bertille Bak, Ô Quatrième, 2012, vidéo 17 minutes © Bertille Bak