Une poignée sur une fenêtre imaginaire (I Turned the Window Handle, 2012), un panier pour capturer le vide (Captured Void, 2012), une sonnette posée sur la photographie d’un paysage (Doorbell, 2012), des petits bouts de papier froissés et des fonds de poche d’écolier pieusement conservés dans un tiroir (Drawer of the Enthusiast, 2012), une échelle de corde posée sur un double escabeau (Third Way, 2012), les œuvres de Roman Ondák relèvent du jeu, de l’humour dada qu’amplifient leurs titres. En s’intéressant aux réminiscences, à des décalages infimes, en créant des points de vue inhabituels, Roman Ondák accorde à la mémoire une valeur centrale et laisse joyeusement dériver son imaginaire (qui fait écho à d’autres dérives au Palais de Tokyo).
Dans le sillage de l’art conceptuel et de l’art minimal, tout en se confrontant aussi aux formes particulières à l’Europe de l’Est, cet artiste né en 1966 en Slovaquie, qui vit et travaille à Bratislava, nous livre une œuvre ouvrant sur de multiples interprétations. Il invite aussi le visiteur à prendre la mesure de l’univers…en commençant par se faire mesurer, se retrouvant ainsi, non plus témoin, mais acteur et matériau d’une œuvre en train de s’écrire.
Catherine Rigollet
Visuel : Roman Ondák, Door Bell, 2012. ©Gilles Kraemer.