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Georges Pompidou et l’art. Une aventure du regard

Le château de Chambord est devenu depuis 2010 un écrin patrimonial pour des expositions d’art contemporain (Paul Rebeyrolle en 2012 notamment, qui ne manquent pas de bousculer les habitudes et les représentations d’un très large public qui peut apprécier ces expositions avec le billet d’entrée du château. Cette année, le Domaine national s’associe aux festivités du quarantième anniversaire du Centre Pompidou (www.centrepompidou40.fr) en introduisant sous les voûtes à caissons du second étage du château royal des œuvres et des artistes qui ont fait le bonheur de l’ancien président de la République Georges Pompidou (1911-1974) et de son épouse Claude, tant comme collectionneur privé que comme hôte de Matignon (1962-1968) puis de l’Élysée (1969-1974).

Car, derrière le sourcil broussailleux et la stature de chef d’État s’est épanouie tout au long de la vie de Pompidou une passion sincère et clairvoyante pour l’art, de l’achat de l’édition originale du livre-collage de Max Ernst, La Femme 100 têtes, en 1930 alors qu’il est un jeune khâgneux à celui du dessin de Jacques Villon, Au bois ou Lilli au boa noir, l’année de sa mort. On retrouve ces œuvres, parmi quatre-vingt-dix autres, dans l’impressionnante exposition de Chambord, sans doute la plus importante réalisée ici, justement intitulée « Une aventure du regard ». Cinq sections et un cabinet de dessins proposent un parcours d’une certaine rationalité qui permet ainsi de voyager sans se perdre dans cette « multipolarité caractéristique de l’approche esthétique de Georges Pompidou », comme l’écrit Yannick Mercoyrol, commissaire de l’exposition et directeur de la programmation culturelle de Chambord, dans le catalogue édité pour l’occasion, complément idéal à l’exposition (29€) comprenant de très intéressants entretiens.

Maîtres modernes, peintres abstraits, tenants de l’Art cinétique, du Nouveau réalisme ou de la Figuration : c’est un vaste panorama de la création artistique du second vingtième siècle qui nous est donné à voir. Tourbillon de formes et de couleurs, d’inventivité, de modernité et d’avant-garde. Une Grande tête de Giacometti observe une Tête d’otage de Fautrier dans la salle où sont posés des éléments du fameux salon Paulin commandé par Pompidou pour les salons privés de l’Élysée. On remarquera bien sûr la toile de Soulages accrochée par Pompidou dans son bureau de Matignon en 1962, sans doute la première fois que l’art vivant intégrait les palais de l’État sans que ce soit de l’art officiel. En effet, Pompidou, plutôt conservateur en politique, a participé à faire connaître des artistes émergents et prometteurs grâce à son œil aiguisé et érudit. L’art, qui souvent conteste et relativise le pouvoir, lui a sans doute permis de garder tout au long de son irrésistible ascension vers les sommets de l’État une vision ouverte du monde.

Cette exposition séduit par l’exceptionnelle richesse et diversité des œuvres rassemblées, certaines rarement montrées, provenant de collections publiques et privées, dont évidemment celle d’Alain Pompidou, le fils de ces deux amoureux de l’art moderne et contemporain. Au-delà de cette exposition temporaire, une visite de Chambord, de ses jardins et de son parc est à elle seule une source de rêverie et d’illumination…

Jean-Michel Masqué

Visuels : Nicolas de Staël (1914-1955), Paysage, Sicile, 1953. Collection particulière. Victor Vasarely (1906-1997), Meh (2) (Abeille), 1967-68. Collection Centre Pompidou, Paris.

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Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 18 juin au 19 novembre 2017
Château de Chambord-Domaine national de Chambord (Loir-et-Cher)
Tous les jours de 9h à 18h (9h à 17h de novembre à mars)
L’accès à l’exposition (2e étage du château) est compris dans le billet d’entrée
Plein tarif : 13 €
www.chambord.org