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Ireneo Nicora. Cent pas (Cento Passi)

« Cent pas ». Le titre de l’exposition fait référence à la distance qu’enfant, Ireneo parcourait chaque dimanche pour se rendre dans le cimetière de Solduno (Tessin, Suisse), sur la tombe de son père. D’origine italienne, né en 1962 en Suisse, installé à Paris depuis 2013, Ireneo Nicora poursuit, sans jamais se répéter sur la forme, son travail sur la mémoire (https://www.lagoradesarts.fr/Rencontre-avec-Ireneo-Nicora.html) , sur ses origines, sur sa terre. Dans ses œuvres récentes, il n’hésite pas à la collecter, la mélanger, la malaxer puis à l’utiliser, ici comme un mur des lamentations sur lesquels sont accrochées, comme autant de petites icônes, des centaines de petites photographies de gens qui ne sont plus.

Faire acte de mémoire pour Ireneo Nicora, ce n’est pas faire œuvre de l’esprit, mais œuvre du cœur. C’est lutter contre la peur de l’oubli, des morts notamment. C’est précisément pour cette quête du souvenir que, depuis des siècles, les hommes font graver les pierres tombales, confiant à ces dernières le nom des gens et parfois un morceau de leur histoire.

« Si j’oublie, qu’est-ce que je perds ? » questionne Nicora. D’où l’exercice quotidien, pendant une année entière, de représenter son propre visage par cœur, exercice qui a généré 365 dessins au crayon. 365 feuilles épinglées sur 42 lourdes palettes en bois, conçues pour supporter des poids énormes, tel le poids de certains souvenirs. Plus que des autoportraits, un mantra récité tous les jours par l’artiste. D’où aussi ces rayonnages de livres garants de la mémoire des œuvres de l’esprit. Mais aussi ces chaises réparées pour ne pas être jetées, ces meubles recouverts de draps blancs pour être protégés durant le temps où la maison sera vide de ses habitants. Bandages ou linceuls. Outre la mort de son père, l’artiste évoque également ici la maladie de sa mère, qui a actuellement du mal à se souvenir de tout événement, même du plus récent, et se limite donc à un présent immédiat, comme le suggèrent ces photographies de visages s’effaçant sous les points de couture.

« L’exposition est née d’une nécessité vitale, entre peur de l’oubli et besoin de se souvenir », souligne la commissaire de l’exposition Veronica Provenzale. Elle se parcourt comme un chemin initiatique menant aussi à notre propre mémoire. Car toutes ces œuvres de l’intime ont une résonance collective, font appel à notre propre vécu et à nos émotions. Une œuvre « cosa mentale », saisissante d’effacement et de réapparition, d’angoisse de la mort et d’amour de la vie.

Catherine Rigollet

Visuels : Ireneo Nicora, Installazione Archivio impossibile di immagini orfane,Terra della Vallemaggia. Fotografie antiche, spago da calzolaio, vecchi tessuti, cartoni, cornici, vetri, nastri adesivi in carta kraft.
Ireneo Nicora, Installazione La paura di dimenticare. Trecentosessantacinque autoritratti eseguiti “a memoria”. Matita su carta formato 24 x 32 cm. Fogli recuperati al mercato delle pulci di Saint-Ouen, Parigi. Cera d’api. Quarantadue pallet di legno di 80 x 120 cm.

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 23 mars au 26 mai 2019
Centro culturale e museo Elisarion
Via Rinaldo Simen 3 – 6648 Minusio (Suisse)
District de Locarno
Vendredi-samedi-dimanche, 15h-18h
Tél. +41 91 743 66 71
www.minusio.ch/Elisarion