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Le rêve américain du pop art à nos jours. Estampes du British Museum

L’art américain réserve aux parisiens bien des surprises agréables. Alors que l’exposition à l’Orangerie met en valeur l’influence de Monet sur les Expressionnistes Abstraits (jusqu’au 20 août), la Fondation Custodia offre, grâce aux prêts du British Museum, une formidable exposition sur ces artistes dont nous connaissons bien la peinture et fort peu l’œuvre sur papier.
Dans les années 60, New York est le nombril du monde pour la peinture, les artistes d’alors voient l’estampe non comme un art mais comme un artisanat. Mais les imprimeurs/graveurs les encouragent si bien que le pavillon américain à la Biennale de Venise de 1970 expose des lithographies (une pléthore d’artistes le boycotte pour cause de guerre du Vietnam) et un an plus tard, le MoMA de New York explore, dans une exposition d’envergure, la collaboration entre artistes et ateliers d’éditions d’art.

Tour d’horizon : Au début des années 60, le pop explose, tout en couleurs primaires, trouve son inspiration dans la société de consommation pour les uns (Andy Warhol, Roy Lichtenstein), dans la dolce vita californienne pour les autres (Ed Rusha), alors que l’abstraction gestuelle poursuit son chemin (Robert Motherwell, Cy Twombly) et que l’abstraction géométrique, prenant parti contre ces deux tendances, fait son apparition (Ellsworth Kelly). Faisant alors fi de l’abstraction, le photoréalisme se déploie, annonçant la figuration des années 70 et 80. Puis vient le temps de la prise de conscience optimiste ou pessimiste de l’état d’une Amérique qui cherche à se renouveler lorsque confrontée au sida, au racisme, au féminisme revendicateur ou à l’emprise des technologies (Kiki Smith).

L’ accrochage très sobre de cette centaine d’estampes nous permet d’apprécier la diversité des techniques : sérigraphies en couleur d’Andy Warhol (Marilyn, 1967) ou de Roy Lichtenstein (Brushstrokes, 1967) ; eau-forte et aquatinte de Claes Oldenburg d’une multiprise électrique que l’on imagine bien aussi en sculpture molle (Floating Three-Way Plug, 1976) ; lithographies de Jasper Johns ou de Ed Rusha ; eaux-fortes de Sol LeWitt (Three Kinds of Lines and all their Combinations, 1973) ; gravures sur bois de Vija Celmins (Ocean Surface Woodcut, 1992) et aquatintes de Kara Walker (No World, 2010). Chacune de ces techniques en parfaite adéquation avec les intentions de l’artiste.

Non seulement on découvre une facette inconnue du travail des grands peintres américains, mais l’exposition révèle aussi des artistes mal connus en Europe. Particulièrement dans la section “féministe”, où des artistes femmes s’interrogent sur la prépondérance masculine dans le domaine de l’art. On s’amuse néanmoins de retrouver les Guerrilla Girls, un collectif anonyme qui expose ses frustrations en larges caractères (Do Women have to be naked to get into the Met Museum ? 1989).
Une exposition qui complémente et élargit plaisamment l’exposition de l’Orangerie, séparée par la seule longueur d’un pont de la Fondation Custodia.

Elisabeth Hopkins

Visuels : Jasper Johns, Flag 1, 1973. Sérigraphie en couleur. British Museum, Londres, 2016. © Trustees of the British Museum et © Jasper Johns / Adagp, Paris, 2017.
Kiki Smith, Two, 2002. Gravure à l’eau-forte. British museum, Londres, 2003. © Trustees of the British Museum et © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery et © courtesy Harlan & Weaver, Inc, New York.
Robert Motherwell, Automation A 1965-66. Lithographie. British Museum, Londres. © Trustees of the British Museum et © Dedalus Foudation / Adagp, Paris, 2018.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 2 juin au 2 septembre 2018
Fondation Custodia/Collection Frits Lugt
121 rue de Lille - Paris 7e
Ouvert du mardi au dimanche, de 12h à 18h
Fermé le lundi
Entrée : 10 €
www.fondationcustodia.fr