En 2010, Le Point du Jour et la Fondation Bon-Sauveur proposent à l’artiste Mathieu Pernot et à l’historien Philippe Artières de se plonger dans les archives de L’hôpital psychiatrique de Picauville, petit village de la campagne proche de Cherbourg, en Normandie. Les vieux bâtiments de l’hôpital seront bientôt détruits ; il faut, d’une manière différente, conserver la mémoire du lieu. « Nous ne savions pas précisément ce que nous trouverions mais on nous avait indiqué qu’un service audiovisuel animé par un infirmier passionné, Léon Faligot, disposait de films et de photographies anciennes ; parallèlement, nous aurions libre accès aux archives écrites de l’hôpital, et notamment aux dossiers médicaux datant parfois d’avant la Seconde Guerre mondiale. »
En découvrant les centaines d’images, des années 1930 à nos jours, portrait d’identité, photographie d’architecture, imagerie médicale, photographie de vacances, reportage de presse, instantanés domestiques, cartes postales ou images officielles, Mathieu Pernot et Philippe Artières ont immédiatement le sentiment d’être tombés sur un trésor oublié. À partir de cette iconographie de l’hôpital psychiatrique de Picauville, ils ont élaboré en commun une œuvre- témoignage dans laquelle ils ont aussi intégré leur propre vision du lieu. Mais au final, il s’agit moins de l’histoire de cet asile et d’images de la psychiatrie qu’une histoire de la photographie à la marge, une sorte « d’asile de ces photographies », le plus souvent sans auteurs et non légendées, qui témoignent du réel dont elles sont devenues la trace. Publié par les éditions Le Point du jour, L’Asile des photographies, a remporté le Prix Nadar Gens d’images 2013, un prix qui récompense chaque année un livre consacré à la photographie ancienne ou contemporaine. C’est ce corpus que l’on peut découvrir à la Maison Rouge, jusqu’au 11 mai 2014.
Catherine Rigollet
Visuel : Kermesse, hôpital de Picauville (Manche), sans date. Photographe inconnu. Archives Fondation Bon-Sauveur.