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Medusa. Bijoux et tabous

Le bijou a rarement fait l’objet d’une telle exposition, par son envergure et surtout par son propos : le bijou porteur de sens. Participant à un code social, politique, religieux, le bijou peut avoir de multiples usages. Il identifie la personne qui le porte, il est signe d’appartenance, il singularise, il est chargé de symboles, parfois ambigus.

Il peut être sensuel comme le Ruby Lips (1970-80) de Henryk Kaston inspiré du canapé bouche de Salvador Dali. Iconoclaste comme le collier en goulots de bouteille (2002) de Bernhart Schobinger. Utilitaire comme la bague dite Bague de tricheur (Angleterre, XVIIIe siècle) recouverte d’une glace pour voir le jeu de cartes de son adversaire. Intime en s’introduisant dans le corps comme les piercings. Liberticide comme une ceinture de chasteté. Il peut aussi symboliser : le luxe, la puissance, la gloire, l’extravagance, l’insoumission, la superstition, le fétichisme…Il suscite l’attraction tout comme il peut provoquer la répulsion selon qui le porte ou le regarde, à l’image du mythique et terrifiant visage de Medusa, cette Gorgone coiffée de serpents et dont le regard pouvait pétrifier tout mortel qui le croisait.

Œuvre d’art, même s’il est rarement considéré comme telle, et quelque soit aussi sa composition et sa valeur (or, pierres précieuses, métal, bois, coquillages, goulots de bouteille ou simples nouilles), le bijou reste un ornement, souvent perçu comme plutôt féminin en Occident. Les artistes et les créateurs contemporains l’ont éloigné –voire libéré- de ses traditions, ils ont innové dans les matériaux, ont apporté de la fantaisie, parfois de l’humour et même de la dérision. Le bijou s’est démocratisé et notre regard sur lui a changé.

L’exposition Medusa décrypte les codes du bijou et porte un regard contemporain –et occidental- sur les bijoux, ces objets souvent à mi-chemin entre parures et sculptures. Suivant un parcours thématique, elle présente plus de 400 pièces, petites ou monumentales, d’artistes (Meret Oppenheim, Man Ray, Calder, Dali, Picasso, Thomas Hirschhorn), de designers (René Lalique, Anni Albers, Line Vautrin, Tony Duquette, Bless), de bijoutiers contemporains (Gijs Bakker, Karl Fristch, Sophie Hanagarth…), de maisons de haute-joaillerie, mais aussi des pièces anonymes (bijoux antiques, amérindiens, ou encore punk, rap, SM…). Des pièces uniques, ou multiples, des objets faits-main, industriellement, voire par ordinateur.

Que l’on aime ou pas les bijoux, Medusa est une exposition fascinante, par la diversité et l’originalité des œuvres montrées et par ce que celles-ci nous racontent sur la société qui les conçoit et ceux qui les portent.

Catherine Rigollet

 L’Agora des Arts vous recommande aussi : Karel Appel, L’art est une fête. - jusqu’au 20 août 2017 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.

Visuels : Reproduction d’une œuvre de Salvador Dali par Henryk Kaston, broche Ruby Lips, années 1970-80. Or 18 carats, rubis, perle de culture. Miami, Collection particulière. ©Photo : Robin Hill.
Cartier, Paris. Collier Serpent, commande de 1968. Platine, or blanc et or jaune, 2 473 diamants taille brillant et baguette pour un poids total de 178,21 carats, deux émeraudes de forme poire (yeux), émail vert, rouge et noir. Photo : Nick Welsh, Cartier. © Collection Cartier.
Anonyme (Angleterre). Bague, dite Bague de tricheur, XVIIIe siècle. © Photo : L’Agora des Arts.
Perle Lo Casale, Collier de nouilles, vers 2000. © Photo : L’Agora des Arts.

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 19 mai au 5 novembre 2017
Musée d’art moderne de la Ville de Paris
11, avenue du Président Wilson – 75116 Paris
Mardi au dimanche, de 10h à 18h
Nocturne le jeudi de 18h à 22h
Fermé le lundi
Tarif plein : 10€
Tél. 01 53 67 40 00
www.mam.paris.fr