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Festival Normandie Impressionniste. 3e édition sous le signe du portrait

Après la nature et l’eau, la 3e édition du Festival Normandie Impressionniste est placée sous le signe du portrait, rappelant que de grands portraitistes ont illustré cette époque, à commencer par Caillebotte, Monet, Degas, Renoir, Manet, Mary Cassatt ou Berthe Morisot, mais aussi Félix Buhot, Jacques-Emile Blanche, Sickert, et d’autres encore, de moindre notoriété comme Jeanne Forain, Paul-César Helleu, Éva Gonzalès, Louise Breslau ou Marie Bracquemond. Au total, durant cinq mois, ce sont des dizaines d’artistes à retrouver au travers de plusieurs centaines d’événements dont de nombreuses expositions qui vont témoigner de l’impressionnisme -en portraits mais pas seulement- avec des prolongements dans l’art contemporain. La programmation étant pléthorique, nous avons retenu six expositions :

Caillebotte, peintre et jardinier (Giverny)

C’est l’exposition qui a ouvert le Festival en avant-première le 25 mars (lire l’article de Jean-Michel Masqué). Du Paris d’Haussmann à sa maison du Petit Gennevilliers en passant par la Seine et les explorations normandes, le talent de Caillebotte -trop longtemps considéré comme un peintre amateur- s’y révèle, tout autant que sa passion des jardins. À noter que Caillebotte est aussi à l’affiche du musée d’art et d’histoire Baron Gérard à Bayeux où Portraits à la campagne, toile conservée au musée, sert de fil conducteur à une exposition centrée sur la famille de l’artiste et son attachement à la Normandie (du 16 avril au 18 septembre 2016).

Scènes de la vie impressionniste (Rouen)

C’est à Rouen, en 1872, que Claude Monet expose pour la première fois dans un musée. À côté d’un paysage, il révèle une image plus intime, un portrait de sa femme Camille intitulé Méditation. Pour la première fois en France, une exposition d’envergure fait découvrir comment, à côté de la peinture de paysage, les impressionnistes ont investi l’art du portrait pour traduire les mouvements de la modernité. Une centaine d’œuvres (dont beaucoup rarement montrées) nous plongent dans la vie de la grande famille impressionniste. Elles montrent, avec un regard neuf : leur intimité familiale (Jean Monet sur son cheval mécanique, peint par son père Claude en 1872 ; Mette cousant, vers 1880, saisie par Paul Gauguin ; Le déjeuner du matin, 1903, vu par Édouard Vuillard), mais aussi la vie sociale à l’extérieur, sur les boulevards, dans les cafés, ces lieux de sociabilité et d’échanges (magistral Dans un café, 1880 de Gustave Caillebotte), dans les théâtres (Dans la Loge, 1885, de Jean Louis Forain).

Frits Thaulow. Paysagiste par nature (Caen).

Peintre norvégien né à Christiania (actuelle Oslo) en 1847, Frits Thaulow découvre la révolution picturale ouverte par Claude Monet, lors d’un séjour à Paris en 1874. Ce grand voyageur va développer une peinture de plein air, avant de s’orienter vers plus « d’atmosphère », avec un réel talent pour la représentation de l’eau. Cette première rétrospective constituée de soixante-et-une œuvres peintes ou dessinées au pastel le fait découvrir.

Eugène Boudin, l’atelier de la lumière (Le Havre)

« Je dois tout à Boudin » affirmait Monet. Boudin, ce portraitiste des ciels de Normandie semblait choisir ses motifs (bateaux ou personnages) avec un seul dessein : peindre le ciel au dessus, lui offrant les trois-quarts de la toile. Il jouait avec les nuages, la lumière, les gris, les noirs, les bleus pour façonner des marines orageuses menaçant de grands voiliers, des scènes de plage sous un ciel estival de cirrus, des groupes de pêcheurs minuscules perdus entre marée basse et cumulus ou des variations atmosphériques avec les nuages comme seul motif, ne cessant d’expérimenter avec audace, laissant à ses œuvres terminées l’apparence de l’esquisse et allant jusqu’à réduire ses toiles à des tâches de couleurs (Voiliers sur la mer, 1890-1897). Au second rang, juste après le Musée d’Orsay quant au nombre d’œuvres de l’artiste (325), le Musée d’art moderne du Havre (MuMa) nous offre un véritable festival Boudin, qui s’il n’est pas né au Havre mais à Honfleur en 1824, il a grandi, s’y est installé professionnellement (comme papetier !), puis s’est vu aider financièrement par la municipalité pour aller se former à Paris.

Sorolla, un peintre espagnol à Paris (Giverny)

Après Caillebotte (du 23 mars au 3 juillet 2016), le musée des Impressionnistes à Giverny, montre près de cinquante peintures et une cinquantaine d’esquisses du peintre espagnol Joaquín Sorolla (1863-1923) qui expose dès 1906 à Paris où il se rend régulièrement, fréquentant l’avant-garde artistique de la capitale. Sa capacité à dompter la lumière méditerranéenne, les jeux de reflets dans l’eau et sur les corps des baigneurs, le vent dans les foulards et les robes claires des élégantes sur la plage, tout comme sa rapidité d’exécution et la singularité de sa palette ont fait son succès (notamment à Paris en 1906 et en Amérique où il expose plus de 300 toiles en 1909) et continue de séduire aujourd’hui. On n’avait pas revu autant de toiles de Sorolla en France depuis 2007 et l’exposition Sargent / Sorolla, Peintres de la lumière, au Petit Palais. Une belle opportunité.
En savoir plus.

Être jeune au temps des impressionnistes (Honfleur)

Avec ses portraits d’enfants et d’adolescents, cette exposition évoque toutes les étapes de la jeunesse dans le cadre intime (naissance, éducation) ou social (baptême et communion parmi d’autres) et la manière dont les différents courants artistiques s’y sont intéressés et les ont traités. Une attention toute spéciale est bien sûr portée aux œuvres liées à la Normandie grâce à Eugène Boudin, Félix Cals ou Alexandre Dubourg, qui permettent d’évoquer spécifiquement les travaux et les jeux qui ont lié l’enfance au bord de mer. À partir du 25 juin 2016.

Aux beaux jours, on l’aura compris, c’est : destination impressionnisme en Normandie ! Et pourquoi ne pas commencer ce voyage par une halte au château d’Auvers-sur-Oise (Val d’Oise) qui accueille un centre d’interprétation dédié au Paris des Impressionnistes, faisant revivre cette époque à travers des décors, des ambiances de l’époque, des effets sonores et visuels, des projections de plus de 500 toiles mises en mouvement. Une agréable introduction à l’époque des impressionnistes qui plaira à toute la famille.

Catherine Rigollet

 Toutes les autres expositions, les circuits et les bons plans sont à retrouver sur le site www.normandie-impressionniste.fr
 Toutes les idées de balades et suggestions touristiques (restauration et hébergements) sur le site www.normandie-tourisme.fr

Visuels : Claude Monet, Jean Monet sur son cheval mécanique, 1872. Huile sur toile, 60,6 x 74,3 cm. New York, Metropolitan museum of art. ©C.R. (expo Scènes de la vie impressionniste - Rouen)
Berthe Morisot, Julie Manet et Laërte, dit aussi Jeune fille au lévrier, 1893. Huile sur toile, 73 x 80 cm. Paris, musée Marmottan Monet. ©C.R. (expo Scènes de la vie impressionniste - Rouen)
Eugène Boudin, Marée basse à Étaples, 1886. Huile sur toile, 79 x 109 cm. Bordeaux, musée des Beaux-Arts. ©C.R. (expo Eugène Boudin, l’atelier de la lumière - Le Havre)
Eugène Boudin, Étude de nuages sur un ciel bleu. ca. 1888-1895. huile sur bois
37 x 46 cm © MuMa Le Havre. ©C.R. (expo Eugène Boudin, l’atelier de la lumière - Le Havre)
Visuels : Frits Thaulow, Moulin à eau, 1892. Huile sur toile, Philadelphia Museum of Art. ©C.R. (expo Frits Thaulow. Paysagiste par nature - Caen)

Archives expo en France

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

 Scènes de la vie impressionniste
Musée des Beaux-Arts - Rouen
Du 16 avril au 26 septembre 2016
www.musees-rouen-normandie.fr

 


 Frits Thaulow. Paysagiste par nature
Musée des Beaux-arts - Caen
Du 16 avril au 26 septembre 2016
www.mba.caen.fr

 


 Eugène Boudin, l’atelier de la lumière
Musée des Beaux arts – Le Havre
Du 16 avril au 26 septembre 2016
www.muma-lehavre.fr

 


 Etre jeune au temps des impressionnistes
Musée Eugène Boudin - Honfleur
Du 25 juin au 3 octobre)
www.musees-honfleur.fr

 


 Sorolla, un peintre espagnol à Paris
Musée des Impressionnistes - Giverny
Du 14 juillet au 6 novembre 2016
www.mdig.fr

 

A voir aussi en Normandie :

 Bayeux. Caillebotte, portrait intime d’une famille normande
Une exposition-dossier centrée sur sa famille et son attachement à la Normandie.
Musée d’Art et d’Histoire Baron Gérard – du 16 avril au 18 septembre 2016
www.bayeuxmuseum.com

 


 Vernon. « Portraits de femmes »
Musée de Vernon - du 2 avril au 26 septembre 2016
http://www.vernon27.fr/Culture/MUSEE-DE-VERNON