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Peter Doig

Il faut commencer la visite de cette exposition par le sous-sol consacré aux travaux préliminaires de l’artiste dans un medium que l’on n’associe d’ordinaire pas à l’esquisse, à l’ébauche, au premier jet : la gravure. Ce sont, sur une soixantaine d’entre elles, à divers stades, des scènes ou détails que l’on retrouvera dans les toiles. Dans une conversation avec Chris Ofili, Peter Doig s’en était expliqué : « Je faisais ma gravure, la photographiais, puis agrandissais les photos pour que le travail de l’acide soit visible, la répartition du dessin si l’on peut dire. De là, je passais au travail sur papier, aux petites toiles, puis aux grandes toiles. Et je ne suis pas sûr que le personnage dans les grandes toiles soit le plus réussi. » On ne manquera pas, au même niveau, une grande toile de l’artiste, réalisée in situ, et reprenant le motif de House of Pictures (Carrera) (2004).
Accrochage opportun dans la grande salle ouverte sur le parc. En cette journée ensoleillée, les couleurs automnales dialoguaient avec les toiles arborées de Peter Doig. Né à Edimbourg en 1959, l’artiste a partagé les 30 années suivantes entre Trinidad, le Canada et Londres où il réside jusqu’en 2002, date à laquelle il retourne à Trinidad où il travaille aujourd’hui, tout en gardant un studio à New York et à Londres. Un nomadisme qui explique aussi bien les scènes de neige que les palmiers récurrents. Les œuvres exposées couvrent les années 1990 à 2014 (la dernière toile, qui ne figure pas au catalogue, Untitled (Man on Horse) (2014) était à peine sèche lorsqu’elle fut accrochée). Peter Doig nous a habitués à un réalisme un peu mystérieux, servi par une palette vive où prédomine les verts et les fauves ; à des paysages dont la profondeur nous happe et où le silence résonne de façon imperceptible ; à des duels entre arbres et bâtiments (en réalité, une unité d’habitation de Le Corbusier dans l’Est de la France) dont on ne sait qui aura le dessus ; à des lacs ou mers sereins, que ne troublent ni les arbres ni les silhouettes humaines qui s’y reflètent ; à des ciels bleu timides mais à des ciels nocturnes qui rient de toutes leurs étoiles. Quelques personnages solitaires, dont la figure barbue de 100 Years Ago (Carrera), (inspirée d’un plan du film d’horreur Vendredi 13), apparaissent çà et là, confrontant le spectateur ou lui tournant le dos. Avec leurs sujets attrapés au tournant d’un plan de film ou de vidéo, d’une carte postale, d’une photo, ces toiles nous content tout simplement et uniquement l’histoire que finit par y déposer notre imaginaire.

Elisabeth Hopkins

Visuel : Peter Doig, Metropolitain (House of Pictures), 2004. Huile sur toile, 275,5 x 200 cm
Bayerische Staatsgemäldesammlungen München, 2004, acquis par PIN. Freunde der Pinakothek der Moderne © Peter Doig. All Rights Reserved / 2014, ProLitteris, Zürich. Photo : Jochen Littkemann

Archives expo en Europe

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Peter Doig
Du 23 novembre 2014 au 22 mars 2015
Fondation Beyeler
Baselstrasse 77 - CH-4125 Riehen/Basel
Tous les jours de 10h à 18h (le mercredi jusqu’à 20h)
Entrée : CHF 25
www.fondationbeyeler.ch
Visuel
 Beau catalogue en anglais et allemand, avec un tiré à part en français d’une conversation de Ulf Küster avec l’artiste.

 


 A voir aussi à la Fondation Beyeler jusqu’au 28 juin 2015 :
Paul Gauguin.