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Zao Wou-Ki collectionneur

Dès le début de son arrivée à Paris en 1948, et comme de nombreux artistes, Zao Wou-Ki (1920-2013) a pratiqué l’échange avec les peintres, sculpteurs ou dessinateurs. La scène parisienne est alors très vivace, attirant des artistes européens et américains. Tout le monde se croise dans les ateliers de gravure, les Salons d’art et les vernissages. Dans les galeries où il expose, la galerie Loeb notamment, Zao Wou-Ki se lie avec Henri Michaux, Alberto Giacometti, Hans Hartung, Maria Elena Vieira da Silva, Sam Francis, Jean-Paul Riopelle, etc. L’échange scelle une reconnaissance, une confiance et une amitié. Toute sa vie, Zao Wou-Ki a d’ailleurs cultivé l’amitié, dans un besoin d’harmonie avec le monde extérieur, facilitant aussi son enracinement en France.

Il échange, et il achète aussi. Son premier achat est une petite toile (Alte Inschrift, 1919 - voir ci-contre) de Paul Klee, dont il découvre le travail lors d’un voyage en Suisse en 1951 et qui le marque profondément. Il trouve chez Klee et son univers de signes influencé par l’art chinois, un monde intime proche du sien. Dans ses premières toiles, Zao Wou-Ki intègre des signes archaïques chinois, avant d’évoluer vers une expression abstraite poétique et de peindre des bouillonnements de couleurs de plus en plus vives, exécutant aussi des centaines de lavis à l’encre de Chine et de gravures, comme autant de paysages imaginaires.

Parallèlement à son œuvre, Zao Wou-Ki s’est constitué un panthéon personnel rassemblant des œuvres d’artistes contemporains. À sa mort, Françoise Marquet-Zao, sa troisième épouse, a fait don de cette collection du peintre au musée d’Issoudun ; là-même où il exposa ses encres de Chine et aquarelles en 2008, grâce déjà au commissariat de Sophie Cazé, directrice du musée à l’époque et qui s’est impliquée à nouveau en 2016. Un beau cadeau, dont le public va pouvoir profiter.

L’exposition « Zao Wou-Ki collectionneur » présente 90 œuvres (peintures, dessins, sculptures), de 56 artistes différents, d’Alechinsky à Wols en passant par Artaud, Chillida, Dubuffet, Hajdu, Muller, Soulages…Des œuvres souvent proches de l’abstraction lyrique des années 1950, qui révèlent ses goûts et ses affinités et résonnent en diapason de sa propre œuvre. En témoigne la trentaine de peintures de Zao Wou-Ki (de 1951 à 2008), judicieusement exposée en contrepoint de la présentation de sa collection, apportant un éclairage à sa constitution. Elle ouvre avec l’Hommage à Françoise, 23-10-2003 (grand triptyque rouge exposé dans la belle rétrospective que lui a consacré la Fondation Gianadda à Martigny), permettant de découvrir d’autres toiles, rarement montrées, comme ce grand tableau (01-04-81, 260 x 224 cm) prêté par le Centre Pompidou : une brume légère et lumineuse enveloppant quelques ombres grises ou encore 12.05.96, 1996, fantomatique buisson de corail blanc.

Une peinture de traces de nature, vivante et poétique, dont on ne se lasse pas.

Catherine Rigollet

 À voir aussi au musée de l’Hospice Saint-Roche : « Valerio Adami, peintures et dessins ». jusqu’au 17 septembre 2016.

 


 Le Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun abrite une collection d’art contemporain, dont la donation Cécile Reims & Fred Deux, mais aussi un parcours chronologique dans le patrimoine local avec des pièces exceptionnelles comme deux arbres de Jessé en pierre, de la fin du XVe (dans la chapelle) et une apothicairerie.

Visuels : Zao Wou-Ki, 01.04.81, Huile sur toile, 1981, 260 x 224 cm. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle, Paris.
Paul Klee, Alte Inschrift, 1919, Aquarelle sur papier, 9,5 x 12 cm. Donation collection ZWK à Issoudun.
Donation ZWK : Vue de l’exposition. Photo C.R.
Visuel page d’accueil et vignette : Jean-Baptiste Huynh, Zao Wou-Ki dans son atelier parisien. Décembre 2006.

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Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 17 juin au 30 décembre 2016
Musée de l’Hospice Saint-Roch - 36100 Issoudun
Tél. 02 54 21 01 76
De juin à septembre, tous les jours
D’octobre à décembre, du mercredi au dimanche
Entrée gratuite
https://museeissoudun.tv

 


 Parallèlement à la donation Zao-Wou-Ki à Issoudun, Françoise Marquet-Zao a fait don au musée Cernuschi d’objets chinois ayant appartenu à l’artiste (bronzes, céramiques, jade, estampes) qui l’ont également accompagné tout au long de sa vie, une collection exposée du 24 juin au 23 octobre 2016.

 


 Le très beau livre-catalogue réunit les deux donations sous le livre évocateur Zao Wou-Ki, « homme des deux rives », évoquant cet occidental d’adoption et chinois de cœur, deux identités qui ont façonné sa peinture. Ed. Flammarion. Ouvrage collectif, 296 pages, 180 ill. 49€