Alésia est inséparable de la bataille du même nom qui opposa Vercingétorix à César en 52 avant J.-C. Fouillé de façon ininterrompue depuis Napoléon III, l’oppidum d’Alésia sur les hauteurs d’Alise-Sainte-Reine a fourni les preuves tangibles de cette ultime bataille livrée par ce fils d’une grande famille arverne qui a pris les armes pour libérer la Gaule contre Jules César, engagé dans la grande conquête des peuples celtes d’au-delà les Alpes.
Pour mémoire, lorsque Vercingétorix à la tête d’une coalition hétéroclite de peuples Gaulois se replie dans l’oppidum d’Alésia, il est accompagné de 80 000 guerriers. Pris dans l’étau des camps romains (10 à 12 légions de 4 500 hommes chacune appuyés par des cavaliers germains), il attend des renforts qui arriveront trop tard et moins nombreux qu’espéré. Il choisit de se rendre pour épargner ses hommes. Cette reddition nous est connue par le témoignage que César en donne dans ses Commentaires de la Guerre des Gaules (De Bello Gallico). Le siège d’Alésia aura probablement duré moins de deux mois, de la fin août au début de l’automne...laissant sur le site des kilomètres de fortifications, mais aussi des centaines de monnaies gauloises identifiant les peuples en présence et un fantastique arsenal militaire : casques, boucliers, épées, poignards, boulets, etc. Si les fouilles effectuées au Second Empire ont longtemps fait l’objet de discrédit parce qu’elles étaient menées pour satisfaire Napoléon III, passionné d’histoire et d’archéologie, leur valeur documentaire est de première importance. Les nouvelles recherches entreprises depuis 1905, et qui se sont accélérées à partir de 1990 à l’aide de la photographie aérienne, révèlent la trace des doubles fortifications mises en place autour de l’oppidum par Jules César et confirment que la bataille d’Alésia a bien eu lieu en Bourgogne, sur le Mont-Auxois, déboutant d’autres prétendants, notamment Alaise, en Franche-Comté. 2000 ans plus tard, le site n’a pas encore livré tous ses secrets.
Jusqu’en 2011, seule la colossale et fantaisiste statue de Vercingétorix en tôle de cuivre sculptée par Aimé Millet et érigée en 1865 servait d’emblème au site. Depuis le 26 mars 2012, l’ouverture du MuséoParc Alésia permet de plonger au cœur de la bataille. Il est constitué d’une ligne de fortifications romaines reconstituée et surtout d’un centre d’interprétation, vaste édifice circulaire évoquant l’encerclement des Gaulois. Dessinée par l’architecte Bernard Tschumi, cette intéressante architecture en verre et béton couverte d’une « résille » en bois abrite un parcours retraçant le contexte, le profil des deux protagonistes et les principales étapes de la bataille. On y découvre des accessoires vestimentaires, des fibules en fer et en bronze, des morceaux de casques, des clous de chaussures, des amphores, des meules à grains, des ossements de chevaux, un très rare fragment de tente romaine en peau de chèvre et plusieurs fiches de fer, ancêtres des « sardines ».
La nouvelle scénographie inaugurée en juin 2021 (lire ci-contre), offre une immersion au cœur du siège d’Alésia et dans la ville gallo-romaine qui s’est développée avec une mise en valeur des collections trouvées sur le site.
Catherine Rigollet
– - On peut continuer à suivre la trace des gaulois et des romains dans trois autres sites de Bourgogne : le musée de Châtillon-sur-Seine abritant le trésor de Vix, Bibracte et Autun. Ces sites peuvent se découvrir lors d’un week-end.