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Anders Zorn. Le maître de la peinture suédoise

Une femme en robe blanche attend sur le ponton que le rameur approche la barque, sans doute pour lui permettre d’embarquer pour une promenade. C’est l’été, le temps est beau, l’immense étendue d’eau qui se perd jusqu’à l’horizon frise à peine. On sent bien que l’eau d’un beau vert profond avec ses clapotis et ses reflets de lumière en surface constitue le motif essentiel de Vacances d’été, une aquarelle d’Anders Zorn (1860-1920). Son immense talent d’aquarelliste se vérifie dans de nombreuses autres aquarelles exposées dans cette rétrospective présentée au Petit Palais. Une belle découverte. Car Zorn, l’autre grande figure de la peinture suédoise avec Carl Larsson, toujours populaire en Scandinavie et célébré avec succès à San Francisco et New York en 2013 et 2014, reste assez méconnu en France. Il n’avait pas bénéficié d’une exposition à Paris depuis 1906.

Ami et rival de Sargent, Sorolla, Boldini et Besnard pour ses portraits de mondains et d’élégantes chapeautées, ses baigneuses représentées au naturel et sa maîtrise de la lumière, Zorn possède une indéniable maîtrise pour représenter l’eau, mais aussi la verdure, et visiblement beaucoup de plaisir. Ainsi, lors d’une promenade en forêt avec sa femme, quand celle-ci accroche sa robe à des ronces, il croque aussitôt la scène, fasciné surtout par l’enchevêtrement des branches (Le Buisson, 1886). Dans un autre cadrage audacieux et à l’hyperréalisme du dessin, il met le projecteur sur une vieille femme (sa grand-mère), assise sur un talus herbeux, surveillant la cuisson de pommes de terre pour le repas de paysans qu’on aperçoit au loin en train de faucher le blé (Notre pain quotidien, aquarelle, 1886).

Si ses aquarelles, au format souvent monumental lancent la réputation de Zorn, ce sont ses portraits de la haute société parisienne –et américaine- de la fin du XIXe siècle qui font sa fortune. À ses portraits forcément un peu affectés, on préférera ses tableaux de la Suède, celle de la nature et des traditions populaires que ne renie pas cet homme aux origines paysannes très modestes. Zorn quittera d’ailleurs Paris en 1896 pour retourner vivre en Suède, à Mora, où il trouvera dans le quotidien de la vie paysanne de nombreux motifs à peindre (Danse de la Saint-Jean, huile sur toile, 1897).

On se penchera aussi avec intérêt sur les gravures de cet artiste très inspiré de Rembrandt, dont il collectionne les estampes. Des compositions, des portraits surtout -autoportraits aussi- gravées avec force et contraste d’ombre et de lumière ; les longues tailles posées en diagonales témoignant de la vivacité du trait et d’un certain sens de l’improvisation (L’Orage, 1891, eau-forte).

Un artiste à découvrir au travers de 150 œuvres, dans un parcours à la scénographie très soignée, ponctuée d’agrandissements de photographies de Zorn.

Catherine Rigollet

Visuel : Anders Zorn, Vacances d’été, aquarelle, 1886. Collection particulière / photo Hans Thorwid.
Anders Zorn, Le Buisson, aquarelle, 1886. Musée Zorn, Suède. Photo Lars Berglund

Archives expo à Paris

Visuels de l'artiste
Infos pratiques

Du 15 septembre au 17 décembre 2017
Petit Palais
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Fermé le lundi
Tarif plein : 11€
www.petitpalais.paris.fr

 

 À voir aussi au Petit Palais : L’art du pastel, de Degas à Redon
On ne soupçonnait pas l’importance de la collection de pastels du Petit Palais. Pour la première fois, elle est présentée au public avec une sélection de 130 œuvres. L’occasion de faire découvrir aux visiteurs un pan assez méconnu de l’histoire de cette technique en offrant un panorama des principaux courants artistiques de la seconde moitié du XIXe siècle, de l’Impressionnisme au Symbolisme. Ces pièces très fragiles seront montrées de manière exceptionnelle pendant six mois avant de retourner en réserve. Du 15 septembre 2017 au 8 avril 2018.